Pierrot le fou de Jean- Luc Godard (1. Analyse et critique du film. Ferdinand Griffon, marié à une femme riche, s'ennuie dans le milieu mondain dans lequel elle l'entraîne. Au cours d'une soirée, il rencontre Marianne, une. Quand il entame la préparation de Pierrot le Fou, en 1. Jean- Luc Godard a déjà réalisé 9 films en à peine six ans. Depuis le foudroyant A bout de souffle, qui a posé en 1. Cahiers du cinéma s’est affirmé comme un cinéaste extrêmement prolifique, enchaînant les projets malgré des accueils critiques très partagés et des succès publics plus que relatifs. Du drame de guerre (Les carabiniers) au pamphlet futuriste (Alphaville), en passant par la comédie (Une femme est une femme) et la tragédie amoureuse (Le mépris), Godard a réinterprété de nombreux genres avec un ton très personnel, imposant un style à la fois cohérent et accidenté, respectueux d’un art qu’il vénère tout en étant profondément iconoclaste. De film en film, il n’a cessé d’approfondir ses recherches formelles, basées sur une constante remise en question du matériau filmique, ainsi que sa science du montage, qui s’apparente plus chez lui à un collage d’impressions qu’à une recherche de cohérence narrative classique. Ce souci de la forme va de pair avec l’affirmation d’un regard à la fois éclairé et décalé sur l’époque, politique, sociologie et critique de la société s’entrechoquant en un joyeux fracas dans des films résolument tournés vers leur temps. A ces observations sur le temps présent, dont l’ironie trahit le plus souvent une profonde inquiétude, s’ajoutent de nombreuses citations littéraires, dans un jeu perpétuel de correspondances entre présent et passé. Lecteur et cinéphile boulimique, Godard ouvre ses œuvres aux pensées qui l’ont formé, parsemant ses dialogues de citations et ses images de clins d’œils à ses films de chevet. De là lui vient sans doute sa réputation déjà fortement ancrée dans les esprits d’artiste cérébral, porté aux nues par ses adeptes, jugé maniéré et dogmatique par ses nombreux détracteurs. Pourtant, il se dégage surtout des premières œuvres du cinéaste une fièvre et une passion qui, plutôt que d’être étouffées par le poids du style et des multiples références, s’expriment à travers eux avec fulgurance. Car avant d’être un penseur complexe et un styliste provocateur, Godard est surtout un romantique désabusé, ce que viendra confirmer son chef- d’œuvre Le mépris. Les citations littéraires ou cinématographiques, mais aussi picturales, sont souvent là pour témoigner de sa dévotion à l’art de ses pairs et à la beauté, tandis que les signes du temps ne semblent être souvent que des scories qui s’interposent entre ses personnages et leur désir d’amour absolu. Pierrot le fou est un film franco-italien réalisé par Jean-Luc Godard, sorti en 1965. Quand il entame la préparation de Pierrot le Fou, en 1965, Jean-Luc Godard a déjà réalisé 9 films en à peine six ans. Depuis le foudroyant A bout de souffle. On meurt souvent d’amour dans les films de Godard, et Pierrot le fou ne viendra pas contredire cette règle. Ne sachant pas trop sur quelle base partir pour son dixième long- métrage, Godard se penche sur Le démon d’onze heures (Obsession), un roman de Daniel White publié dans la Série Noire, et dont il a acheté les droits deux ans plus tôt. Regardez la bande annonce du film Pierrot le Fou (Pierrot le Fou Bande-annonce VF). Pierrot le Fou, un film de Jean-Luc Godard. Jean-Paul Belmondo and Anna Karina star in one of the most beloved works of the French New Wave. Retape dans le champ ci-dessous la suite de chiffres et de lettres qui apparaissent dans le cadre ci-contre. #. Il pense initialement à Sylvie Vartan et à Richard Burton pour les rôles principaux, qui seront finalement attribués à sa muse Anna Karina et à Jean- Paul Belmondo. De toute évidence, ce casting aura une influence capitale sur un projet dont Godard avouera ne pas avoir tout de suite sut quoi faire. D’abord parce que le couple que le cinéaste forme avec la jeune comédienne, et à qui on doit déjà 5 œuvres communes, subit depuis quelques mois sa plus grave crise. Nul doute que ce climat de rupture marque énormément Godard, qui donne à la comédienne son rôle le plus complexe et le plus négatif depuis le début de leur union. Jusqu’ici, les personnages joués par Anna Karina étaient de jeunes filles touchantes et fragiles, symbolisant l’amour meurtri ou révélé, et que Godard filmait toujours avec affection et générosité. Cette fois- ci, Marianne Renoir est une femme énigmatique, à la fois vive et morbide, enthousiaste et meurtrière, qui manipule son compagnon tout en lui permettant de vivre selon son désir de liberté. Elle est celle qui rend le rêve possible. C’est également elle qui le détruira. Quant à Jean- Paul Belmondo, sa présence en tant que premier rôle renvoie directement à l’inaugural A bout de souffle, ce qui donne d’emblée à ce nouveau projet l’aspect d’un "film- bilan". Armé d’un roman, dont il suivra l’intrigue avec une certaine fidélité, et d’un couple idéal pour incarner toutes ses obsessions, Godard s’aventure dans un tournage hasardeux mais inspiré. Accompagné de son fidèle directeur de la photographie, Raoul Coutard, il revient au scope et à la couleur après plusieurs films en noir et blanc, ce qui est l’occasion pour lui de radicaliser l’utilisation des bleus et des rouges qu’il avait déjà abordée dans Le mépris. Ainsi, il n’hésite pas à appliquer des filtres colorés sur son objectif lors de la scène de la réception chez les Expresso, au cours de laquelle Ferdinand croise des individus amorphes qui ne s’expriment qu’en slogans publicitaires. Plus tard, il ira jusqu’à demander à Belmondo de se barbouiller le visage de peinture bleue, avant qu’il ne s’entoure de dynamite rouge et jaune, au cours d’une scène finale désormais mythique. Entre ces deux coups d’éclat, le film est une véritable symphonie colorée, ce qu’annonce l’ouverture du film, au cours de laquelle Ferdinand lit un texte d’Elie Faure sur Velàsquez à sa petite fille (les références à la peinture sont très nombreuses dans le film, de l’évocation du suicide de Nicolas de Staël au nom de Marianne Renoir). Dès qu’ils quittent Paris, laissant derrière eux une famille pour Ferdinand et un cadavre pour Marianne, les deux héros ne feront qu’aller vers leurs couleurs de prédilection. Le bleu du ciel et de la mer pour lui. Le rouge du sang pour elle. Aux nombreuses citations picturales du film s’ajoutent l’imagerie publicitaire, assimilée à la dégradation d’une société qui conspue la beauté, et l’esthétique de la bande dessinée (Ferdinand lit les Pieds Nickelés ; les scènes d’"action" sont découpées en vignettes dédramatisées évoquant les bandes humoristiques). En cela, l’art du détournement d’images populaires et le "montage- collage" de Godard évoquent souvent le Pop Art. Bien entendu, ces associations d’images n’ont pas pour seule vocation de "décorer" un film qui sait miraculeusement trouver sa cohérence au milieu de son chaos de citations. Occupant souvent l’ensemble du cadre, les reproductions d’œuvres d’art qui traversent le film figurent les idéaux de ses personnages, tout comme les statues grecques du mépris renvoyaient aux rêves de puissance du producteur américain et au désir du héros joué par Michel Piccoli de confondre son histoire intime avec les grands mythes. A l’image de son héros qui cherche un peu de beauté dans "un monde d’abrutis", Godard construit son film sur un antagonisme constant entre le désordre et la grâce, entre la violence et la sérénité. D’un tournage qu’on imagine volontiers chaotique, il tire une œuvre foisonnante, d’une rare liberté de ton, où tout semble pouvoir arriver. Lors de la soirée mondaine évoquée plus haut, Ferdinand rencontre en la personne de Samuel Fuller celui qui est en quelque sorte la conscience du film, comme Fritz Lang l’était dans Le mépris. En décrivant un film comme "un champ de bataille" où se mêlent "l’amour, la haine, l’action, la violence et la mort", le cinéaste américain donne le ton d’une œuvre fiévreuse, entièrement vouée à ‘l’émotion’. Bien avant les tentatives de déconstructions narratives d’un Tarantino, Godard nous projette dans un spectacle bariolé et sans cesse déroutant, où l’on peut prendre son petit déjeuner à côté d’un mort et se mettre à chanter les amours sans lendemain, ou bien croiser Raymond Devos criant le dégoût que lui inspire sa femme dans un petit port désert. Facéties d’un cinéaste en pleine possession de son art, qui filme ce qui lui vient à l’esprit et jette à l’écran ce qui lui chante, comme autant de coups de pinceaux. De là naît un jeu perpétuel avec le spectateur, qui se voit interpellé par les personnages au détour d’une conversation amoureuse, pris à partie, les yeux dans les yeux, par Marianne lorsqu’elle réclame le droit de vivre et, par là même, constamment invité à s’impliquer émotionnellement dans l’expérience qui se déroule devant lui. S’il ne perd jamais de vue l’histoire qu’il veut nous raconter (ou plutôt les histoires, drame intime, intrigue criminelle et constat sur l’époque s’entremêlant sans cesse), Godard conçoit son film comme un fracas d’émotions contradictoires, du rire au désespoir le plus déchirant, pour aboutir à un morceau d’émotion pure. Plans de nature impressionnistes et giclées de violence foudroyante se succèdent, liés entre eux par une musique aux accents tantôt pathétiques ou survoltés. Porté par le charisme de ses interprètes, et notamment par un Jean- Paul Belmondo qui sait apporter une sensualité et une dynamique physique remarquables à son personnage, Godard parvient à faire cohabiter dans son film deux mouvements apparemment contradictoires. Un mouvement intime et narcissique, le film prenant souvent l’aspect d’un journal intime, comme en témoignent les innombrables gros plans sur le cahier de notes de Ferdinand. Un mouvement plus ample, embrassant une aventure rocambolesque, aux nombreuses péripéties. De même que les références visuelles, les allusions au contexte de l’époque se bousculent dans Pierrot le fou dans un collage sciemment désordonné. Marianne semble appartenir à un réseau de trafic d’armes, et les évocations de guerres sont nombreuses dans le film. Mais si Godard cite le Viêt- Nam, l’Algérie et le Yémen à travers des graffitis sur les murs ou des actualités diffusées à la radio ou au cinéma, il n’est pas ici question pour lui d’en faire le véritable sujet de son film. Le contexte d’actualité se présente comme un danger latent, des signes d’un monde au bord de l’explosion que Ferdinand cherche à fuir et dont Marianne cherche à profiter. Si le farouche pacifisme du cinéaste est palpable, la guerre dont parle véritablement ce film est sans conteste celle que se livrent ses deux personnages principaux.
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December 2016
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